Faut-il à nouveau le rappeler, qu’en Belgique, sans le consentement du patient, on sort du cadre de la Loi sur l’euthanasie ?

Comment se fait-il alors que dans les média, régulièrement, l’on peut entendre ou lire des points de vue qui semblent véhiculer une information erronée concernant les propositions d’élargissement de la Loi relative à l’euthanasie ?  Est-ce dû à une inconsciente interprétation incorrecte de la Loi ou à une volonté consciente d’initier un procès d’intention aux partisans de son élargissement ? C’est ainsi que l’on peut lire que : « … En ouvrant la porte à l’euthanasie des mineurs, on court le danger de vouloir l’étendre aux handicapés, aux personnes démentes, aux malades mentaux, et même à ceux qui sont fatigués de vivre... ». Tout comme si une force négative, extérieure à ces personnes en souffrances réelles, demandeurs d’euthanasie, décidaient, de leur imposer l'euthanasie, sans les consulter, sans leur consentement. Alors que l'objectif de légiférer est précisément d'écarter les abus et de protéger les droits du patient.


C’est pourquoi il est important de rappeler qu’en Belgique, sans le consentement du patient en souffrances, on sort du cadre de la Loi relative à l’euthanasie.

C’est ainsi que l’on peut également entendre que “.. ouvrir l’euthanasie aux mineurs ne peut se justifier ni philosophiquement, ni moralement, ni éthiquement… »  Il s’agit d’un point de vue surprenant de la part de personnes qui se profilent précisément comme autorités morales. Tout comme si la philosophie, la morale ou l’éthique ne seraient que des codes de référence à jamais hermétiquement fermés quant à la recevabilité des demandes de fin de vie d’une tierce personne.  Alors même que la philosophie se réfère à une sagesse pratique de recherche de vérité, à l’exercice systématique, méthodique, de la pensée et de la réflexion faite de logique formelle et de cohérence. Une pratique du bon sens! Par contre, la morale  désigne les règles de notre comportement, permettant d'agir en humains et l’éthique, discipline philosophique pratique (action) et normative (règles), indique comment se comporter, agir et être, être humain. Ni le bon sens philosophique, ni les règles chargées de bon sens édictées par la morale et l'éthique n'excluent d'office l'actuel contexte d'évolution des mentalités. Bien au contraire, elles l'intègre et avec bon sens,  elles permettent de cerner la recevabilité des demandes d’euthanasie et surtout la manière d'y répondre. S’inspirer de leur esprit ne permet nullement d’exclure d’office les demandes d’euthanasie. Mais bien de les écouter et d’y donner suite dans l’intérêt premier du demandeur. 

Tout comme si ces opposants là se construisaient un monde spirituel à eux, élaboré sur base de figures de l’esprit. Un univers désincarné, étranger aux réalités de l’humanité et de ses souffrances. Un monde artificiel déshumanisé fait d’interdits et d’idées préconçues de ce qui est humain, de ce qui est le bien et le mal. Dans la logique duquel, sur base de réflexions philosophiques propres et de règles éthiques et morales hors sujets, ils dissertent sur ce qui est bien et mal, ce qui est humain et ne l’est pas. Ils jugent!

Je ne puis qu’inviter ces opposants là à faire preuve d’une plus grande honnêteté intellectuelle dans leurs paroles, leurs écrits et leurs actes visant à dénigrer les propositions d'élargissement. Ceci dans l’intérêt des patients en souffrances psychiques et physiques qui demandent à être euthanasiés et méritent d’être écoutés. Les seuls qui méritent d'être écoutés. Malheureusement bien souvent les seuls à qui la parole n'est pas donnée.

S'il vous plaît, redescendez sur terre, côtoyez l’humanité au quotidien, rencontrez des personnes en souffrances désespérées, fréquentez les, vivez les, écoutez les, surtout écoutez les. Ne les interrompez pas. Ne les dévalorisez pas. Alors, sur base de ce que vous aurez vu, vécu avec eux, sur base de ce qu’ils vous auront exprimés, sans les jugez, sans juger personne, accompagnez les dans la fin de vie qu’ils se sont choisies, consciemment, de manière mûrement réfléchie. Vous constaterez alors que ni la philosophie, ni la morale et l’éthique ne s’opposent à leurs demandes tellement humaines d’euthanasie. Bien au contraire.

Et alors, seulement alors, accompagnez-les avec charité et compassion dans la fin de leur vie. Vous en sortirez grandis. Vous aurez gagné en humanité. Vous aurez fait un grand pas, dans la bonne direction, vers l'humain en souffrance!