« Je veux que tout s’arrête... »

Face à des souffrances psychologiques insupportables, le suicide apparaît bien souvent comme la seule porte de sortie. Pourtant, cette issue brutale et solitaire n’est pas une fatalité : mettre un terme à l’indicible douleur de ces patients peut aussi se faire dans une atmosphère sereine et chargée d’affection.  Interview T. Van Loon & L. Thienpont par Marleen Finoulst.  BODYTALK mars   2013, p.33 à 35.

Les demandes d’euthanasie motivées par des souffrances psychologiques intolérables sont généralement de celles que ni les soignants, ni les proches n’ont envie d’entendre... Et pourtant, il faut bien qu’elles puissent être formulées, puisque la loi prévoit explicitement cette possibilité chez les patients responsables de leurs actes.

Comment définir des souffrances psychologiques intolérables ?  Lieve Thienpont, psychiatre : « C’est une notion extrêmement difficile à cerner. L’élément déterminant est la manière dont la personne elle même vit sa maladie mentale. La plupart des gens ont le sentiment d’être littéralement submergés par cette pathologie qui bouleverse leur existence de fond en comble et sont à ce point envahis par leur trouble psychiatrique qu’ils en perdent le goût de la vie. Bien souvent, ils souffrent en silence, rongés par la honte, l’impuissance et l’incompréhension ; ils sombrent classiquement dans une immense solitude, un isolement social et un manque d’implication dans la vie. Des problèmes se développent peu à peu à tous les niveaux, le désespoir s’aggrave, les tentatives entreprises pour sortir du cercle vicieux (thérapies, hospitalisations répétées en psychiatrie, médicaments...) se soldent par des échecs systématiques. Ils pensent au suicide mais sans oser passer à l’acte, par peur ou pour épargner cette épreuve à leur entourage. »

 

Pour les personnes qui ne voient plus d’autre issue à leurs problèmes, savoir que leurs souffrances et leur désir d’en terminer ont été entendus apporte un immense sentiment de soulagement et d’apaisement. Le simple fait de savoir qu’on a les rênes en main et qu’on est libre d’en finir peut même à lui seul représenter un tournant : dans plus de la moitié des cas, les patients qui demandent l’euthanasie pour cause de souffrances psychologiques décideront finalement de continuer à vivre.