Le samedi 22 avril 2017, de 13h30 à 16h30, Tele-Onthaal West-Vlaanderen a organisé une après-midi d’information sur le thème « Euthanasie et Souffrances psychiques ».

Le samedi 22 avril 2017, de 13h30 à 16h30, Tele-Onthaal West-Vlaanderen a organisé une après-midi d’information sur le thème « Euthanasie et Souffrances psychiques ». Le lieu était la grande salle des Mutualités Chrétiennes à St.Michiels (Koningin Astridlaan 2, 8200 Brugge). 75 personnes se sont inscrites pour suivre cette formation. Ce qui indique qu’il s’agit clairement d’un thème qui interpelle fortement les bénévoles de Tele-Onthaal.

Tele-Onthaal 106. Lorsqu’à certains moments de votre vie vous rencontrez des difficultés, vous pouvez vous adressez à des bénévoles de Tele-Onthaal pour parler. 

Selon Jana Verplancke, Collaboratrice Tele-Onthaal West-Vlaanderen :”Pour nos bénévoles il serait bon d’éventuellement tirer un lien vers leur travail d’écoute au téléphone et/ou de conversation. Quel rôle / signification peuvent-ils jouer dans la vie de quelqu’un qui pense à l’euthanasie ? L’expérience nous apprend également que nos bénévoles se posent beaucoup de questions, donc à vous d’éventuellement prévoir du temps à cet effet. »

L’oratrice était le Dr. Lieve Thienpont
Les témoins / experts par leur expérience étaient : Amy De Schutter, Johan Vermariën en moi-même, Pierrot Vincke

Johan Vermariën : "Je témoigne comme expert par son expérience car je souhaite volontiers contribuer à ce que l'on puisse discuter plus librement de l'euthanasie en cas de souffrance psychique et de rompre le tabou qui l'entoure."

Le samedi 22 avril 2017 nous avons donc participé à cette après-midi informative.

Ce fut une journée dont on se sort pas indemne. Dont il est impossible de sortir indemne. J’utilise ici le mot « indemne » de la manière la plus positive possible, une journée qui égratigne profondément nos certitudes et nous aide à devenir meilleurs. Les sentiments d’assurance toxique qu’inconsciemment nous cultivions encore en nous et avec lesquels nous nous protégions vis-à-vis de la souffrance psychique, sont profondément labourés sur le côté. Les aprioris (culturels, éducationnels, éthiques, moraux…) quant à notre manière de réagir ou de ne pas réagir lorsque quelqu’un nous fait part de pensées suicidaires ou demande à être euthanasié sont chassés de nos pensées grâce aux franches discussions avec tous les participants. Après de tels moments aussi intensément existentiels je me sens devenir un autre homme. C’est ce que confiaient également nombre de bénévoles. Et il reste très certainement encore beaucoup d’espace en nous pour nous permettre d’améliorer plus encore notre « être humain ».

Afin de garder la dimension personnelle / intime / confidentielle au texte que je rédige ici, je choisi une forme littéraire particulière, sous la forme d'un mail, car en effet, dès mon retour de St.Michiels - c'est mon habitude de rapidement coucher sur un mail mes impressions encore bien chaude sinon avec le temps les souvenirs des impressions s'émoussent petit-à-petit -  j'ai déjà envoyé ce mail à cinq personnes parmi les plus concernées.

Voici donc mon mail :
“Bonsoir vous tous,
Je suis bien rentré à la maison,
Un trafic on ne plus normal le long du chemin.

Quelle journée !

Amy et Johan, je n’oublierai jamais notre conversation de ce midi.
Je me trouvai à table en excellente compagnie.
Communiquer est la première étape – selon Tele-Onthaal West-Vlaanderen – ce que nous avons d’abord fait entre nous.
Merci vous deux pour ces beaux et instructifs instants.
 
Amy, ton témoignage m’a donné la chair de poule.
De quelle adorable, belle manière et avec des mots judicieusement choisis tu as parlé de monstrueuses expériences de vie.
Trop peu nombreux sont ceux qui savent ce qui parfois se trame derrière les hauts murs des institutions psychiatriques.
Lorsque je t’écoutais, lorsque je t’entendais raconter les détails de tes enfermements, toute seule, légèrement vêtues, à moitié nue, dans le froid, me revenait à l’esprit une fable d’Andersen,  « La petite fille aux allumettes ».

Johan, jamais ne m’a été donné l’occasion d’établir un lien aussi vivant avec les poètes. Je n’ai jamais réalisé d’une manière aussi tridimensionnelle combien les poètes écrivent autrement sur des expériences universelles de vie, combien ils voient sous d’autres angles, des angles inattendus. Comme par magie, de ce qui semble banal  ils confectionnent quelque chose de grand.  Dès aujourd’hui je lirais les poètes romantiques autrement, plus particulièrement les « poètes maudits ». Mais, entre nous, Johan, cela existe-t-il un poète qui n’est pas maudit ? Pas n’importe quel poète, mais bien un de ceux qui comme tu l’as fait, touche ceux qui l’écoutent au plus profond de leur « être ».

Lieve, toujours aussi convaincante, quel travail gigantesque que le tien, en des mots aussi simples, accessibles au plus grand nombre, c’est en tenant le public par la main que tu le guides dans les méandres complexes du labyrinthe de la souffrance psychique. Le résultat, les bénévoles se sont sentis concernés. Ce qu’ils ont confirmé de diverses manières. Ils cherchaient un lieu où ils pouvaient eux-même appeler et/ou converser à propos de ce qu’ils entendent lorsqu’ils écoutent leurs interlocuteurs anonymes. D’après leurs questions et leurs interventions il était évident qu’ils allaient dorénavant porter un autre regard sur ce qu’est la souffrance psychique et ce qu’à leur niveaux peut / doit lors d’une écoute et ou une conversation sur le suicide et l’euthanasie.

Un merci tout particulier à Tele-Onthaal West-Vlaanderen, direction, collaborateurs et bénévoles, qui nous ont offert cette opportunité de converser aussi librement et en profondeur, de discuter en totale confiance avec les participants, pour l’essentiel ceux qui sont dénommés les bénévoles.

Ils sont des héros discrets de notre époque.

Leur travail est essentiel, travail en première ligne. Selon leur site : « … ils offrent de l’aide à des anonymes qui souhaitent parler au sujet de tout ce qui les préoccupent, ce dont ils veulent se libérer, leurs doutes… Ils écoutent toutes les petites et grandes préoccupations, petits soucis ou problèmes graves, ils écoutent toutes les histoires… »

Les bénévoles ont réagi merveilleusement, avec empathie, de manière participative. C’est physiquement, avec leurs tripes, c’est émotionnellement, avec leur cœur, qu’ils ont ressentis et partagé ce dont il était question durant cette après-midi. Il régnait dans la salle une évidente volonté de mieux comprendre le suicide, l’euthanasie et la souffrance psychique. Un souci quasiment palpable d’apprendre plus encore sur ces thèmes afin de réagir de manière encore plus efficiente et proactive par rapport au point de vue des anonymes qu’ils ont en ligne.
 
Durant mon  trajet de retour j’ai beaucoup réfléchi à notre « être ensemble » de ce 22 avril 2017. J’en arrive à espérer que dans les mois, les années à venir, il soit à nouveau possible de nous retrouver afin d’effectuer ensemble un débriefing. Ce serait une belle opportunité de se raconter ce que chacun  d’entre nous a fait de cette journée, comment nous avons traduit ces enseignements dans notre vie sociale, afin de mieux réagir par rapport /  de mieux traiter / accepter l’être autrement, la différence, afin de communiquer plus spontanément sur les pensées de suicide et d’euthanasie.
 
Je vous souhaite à tous une bonne / douce nuit.

Pierrot

PS : non Lieve, aujourd’hui les abeilles n’ont pas essaimées… merci Edith :-)
 
Impressions de Johan : selon ma traduction libre : « Il régnait hier une solidarité chaleureuse, du respect et de l’attention sincère. C’est parmi ce que l’être humain est capable d’offrir de plus beau et de mieux. Il s’agissait d’un moment important et il s’en dégageait une forte et intense énergie… J’étais porté par la solidarité et soutenu par la familiarité, non seulement entre les orateurs mais également avec les participants et organisateurs de Tele-Onthaal. Un tel engagement et une telle chaleureuse attention sont exceptionnels et a fait que l’atmosphère était « en sécurité » et « en confiance », atmosphère et confiance sans lesquels il m’aurait peut-être été impossible de m’exprimer. Je vous en suis dès lors reconnaissant!! Cette journée se fait encore ressentir, tout cela est allé si profondément… Mais c’est bien ainsi … Ce fut une après-midi sensée et j’en ai beaucoup retiré... "

Impressions de Jana : "Chez nous également l’intensité de la journée de formation est encore bien chaude… Intense mais tellement précieuse. En tant que Tele-Accueil c’est jour après jour que nous sommes confrontés à la grande souffrance psychique. Mais après toutes les réactions des bénévoles et des collègues j’ose affirmer que la dimension insupportable de la souffrance psychique n’a jamais été ressentie de manière aussi palpable par nos bénévoles. Il en est de même de votre mot d’ESPOIR Lieve, il est resté ancré en nous et en cela également nous nous inspirons. Je ne puis qu’à nouveau dire MERCI pour vos témoignages courageux et surtout pour vos efforts pour déplacer petit pas par petit pas une (très lourde) pierre relative à l’euthanasie et la souffrance psychique. Parce c’est ce que vous avez fait! Et le plus beau pour nous est de constater l’effet direct de vos témoignages auprès de nos appelants ... Comme je l'ai dit, nous ne lâcherons pas ce thème. Nous continuerons à l’approfondir au sein de nos groupes-intervision. Comment, dans une conversation,  rendre possible d’aborder l’euthanasie en cas de souffrance psychique. C’est également comme staff que nous allons tenir compte de tout cela et, qui sait, peut-être allons-nous une fois de plus frapper à votre porte et à votre expertise pour concrétiser tout cela plus avant encore.