Les résistances du personnel soignant pour assimiler l'euthanasie, l’obligation d’orienter le patient vers un médecin réceptif et de transférer le dossier du patient

Des experts ont été entendus lors de la Commission réunie de la Justice et des Affaires sociales du 15 mai 2013 concernant la Loi relative à l'euthanasie.

Concernant les résistances du personnel soignant pour assimiler l'euthanasie, l’obligation d’orienter le patient vers un médecin réceptif et l’obligation de transférer le dossier du patient, ils ont dit :

- Luc Sauveur, Médecin, responsable de l’équipe mobile intra-hospitalière de soins palliatifs du CHR de Namur, Président de l’Association de soins palliatifs en province de Namur et Membre référent d’EOL pour la région namuroise : « Le médecin qui ne peut accéder à la demande (du patient) doit être porteur de la responsabilité de l’adresser à un autre professionnel qui puisse lui apporter une réponse éventuelle. Je plaide pour cela depuis 10 ans. » ;
- Herman Nijs, Professeur, KULeuven: «selon l'article 14 de la Loi, aucun médecin ne peut être contraint d’appliquer l'euthanasie. Conformément à cet article 14 (sans pénalité et donc inapplicable), le médecin qui refuse d'accéder à une demande d'euthanasie, à la demande du patient, ou de la personne de confiance, doit communiquer le dossier du patient au médecin désigné par le patient ou par la personne de confiance. Est-il judicieux d'inclure une obligation de transférer le dossier du patient  sans que cela puisse être imposé ? ";
- Lieve Thienpont, Psychiatre, Uitklaring Levenseindevragenteam (Ulteam) : « La résistance du personnel de la santé quant aux demandes d'euthanasie est dans tous les cas une opportunité manquée, tout d'abord et avant tout en ce qui concerne le dialogue sur la décision à prendre et ensuite, contrairement au suicide, en ce qui concerne l’espoir d’un diagnostic complémentaire ou une aide complémentaire ou  totalement  nouvelle » ;
- Wim Distelmans, Professeur de médecine palliative, VUB : «Parce que l'obligation d’orienter le patient est une donnée importante, nous avons mis en place le Ulteam de consultation en cas d'urgence " ;
- Jacqueline Herremans, Présidente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité  (ADMD) : « Le gros problème qui se pose dans la pratique est le refus d’euthanasie. Il faut donc absolument évoquer la question de l’obligation de transfert. Si l’obligation de transfert était inscrite dans la Loi, se créerait de toute façon un mouvement pour respecter cette obligation. »