Ne serait-il grand temps d'écouter les personnes en souffrances psychiques insupportables elles-mêmes ?

Chaque fois que j’envisage prendre du recul par rapport au suicide versus euthanasie, Edith me fait parvenir un message discret m’encourageant à poursuivre les initiatives de porte-parole de personnes non écoutées.

Ces derniers jours, c’est un article fort à propos, d’Harold Nottet, dans Télémoustique, 10/01/2018.

 

Extraits du Télémoustique.

L'exclusivité. La face cachée des hôpitaux psychiatriques.

Intitulé, « Hôpitaux psychiatriques. Jeunes mais pas fous ».
 
Quelques extraits qui font écho à des situations vécues par trop de jeunes en souffrances psychiques ainsi que leurs proches :


« 10 à 20% des jeunes adultes hospitalisés en psychiatre n’auraient rien à y faire. Sauf y devenir dingue pour de bon ? Immersion chez ces incasables dont on se débarrasse en silence ».


« D’après mon expérience, je dirais même que 10 à 20% des jeunes adultes hospitalisés en psychiatre n’ont rien à y faire ! », lâche de Dr.Benoît Gillain, Chef du service Psychiatrie à la Clinique Saint Pierre à Ottignies. »


« D’autant qu’ici, dans le doute, on médicalise, glisse un infirmier psychiatrique. »


«Surmédicalision.  Benoit Gillain confirme : « On médicalise parfois même si on n’est pas sûr. Parce qu’on a peur de l’accident…»

Avant de relativiser la dangerosité des produits actuels. « Mais ils ne sont pas sans effet non plus… Sans parler du risque de figer la personne dans la maladie et une identité d’irresponsable... »


« Benoit Gillain : « en dehors du cadre hospitalier, il faut dire que les services pour majeurs émergents sont quasi inexistants…. Les délais d’attente pour une habitation protégée sont catastrophiques… voilà pourquoi nombre de jeunes adultes sortent des hôpitaux psychiatriques dans des conditions défavorables ou y restent trop longtemps… »


« Les centres de santé mentale… manquent de moyens… ne proposent bien souvent que des entretiens avec des psy… rien derrière pour remotiver les jeunes, les rebooster… juste les assister… »


« Il faudra sans doute un scandale pour que cela bouge enfin ! »

 

A la lecture de cet article j'en suis resté sans voix.

Tant cela me remettait en mémoire des conversations avec Edith, alors en soins psychiatriques.

Ces quelques extraits sont autant de thèmes régulièrement abordés dans le site dédié à Edith. Autant de thèmes abordés au sein de groupes de personnes en souffrances psychiques insupportables.

Qui sommes nous, les parents, anéantis par la souffrance d'un enfant, devant les certitudes affichées par certains dans le monde médical, pour connaître cette face cachée, signalée par nos enfants en souffrances pyschiques... et enfin révélée ?

Ainsi donc ce qu'Edith disait... ce que nous craignions... serait vrai !

Un grand merci au Dr Benoît Gillain pour la sincérité de son témoignage.

Ce sera certainement ainsi que l'on pourra progresser dans l'amélioration de la prise en charge et l'accompagnement à court, moyen, long et très long termes de jeunes en souffrances psychiques.

 

Il y a encore en Belgique, chaque jour, 7 suicides, dont 6 pour souffrances psychiques, ne l'oublions jamais !

 

Parfois il m'arrive de rêver qu’après avoir publié dans ce site certaines réflexions... eh bien... tout était réglé.

Eh bien, non, il faut continuer à témoigner, témoigner et témoigner encore.

Je ne puis qu'insister encore et encore sur l'importance essentielle, vitale, de donner la parole aux personnes en souffrances, d'enfin les écouter, sans les juger.