Pourquoi une telle mauvaise foi chez les détracteurs de l'euthanasie?


Vu la très forte charge émotive que suscite un mineur en fin de vie, d'un enfant, la proposition d’extension de la Loi sur l'euthanasie aux mineurs focalise à elle toute seule toutes les forces négatives de ses opposants, des détracteurs de l’euthanasie en général. N’hésitant pas à manipuler l’équivoque entre eugénisme et euthanasie.

Après les votes intervenus au Sénat et en Commission de la Chambre, il n'y a plus de doute sur l'issue du projet d'élargissement, en dépit des appels de plus en plus pressants de l'Eglise catholique, qui organise ce jeudi une journée de jeûne, et qui soutient une poignée d'activistes régulièrement réunis pour manifester leur opposition à la loi actuelle. Le débat sur l'élargissement de l'actuelle loi sur l'euthanasie aux mineurs débutera mercredi prochain à 14h15 en séance plénière de la Chambre, selon le calendrier de l'assemblée. (7sur7, vendredi 07 février 2014)

Les appels de certains détracteurs se font en effet de plus en plus pressants. Quitte à diffuser une fausse information. Quitte à faire témoigner des personnes mal informées. Tout semble bon pour induire le citoyen en erreur, pour lui faire peur ! Pourquoi veulent-ils à ce point démolir cette proposition ? Pour quelles obscures raisons philosophiques, morales ou éthiques propres font-ils cela ? Suivant quel agenda caché ?

Qui sont-ils pour consciemment et régulièrement véhiculer par voie de médias des informations erronées pour tenter de nuire à cette proposition?

Oui, cette proposition est sensible. Car elle concerne des mineurs, des enfants en fin de vie. Mais la proposition de loi est claire, les mineurs concernés doivent faire preuve de  la capacité de discernement leur permettant de pouvoir choisir eux-mêmes consciemment pour l’euthanasie. Pourquoi alors régulièrement entendre ou lire les nouvelles initiatives de ces détracteurs. Ne pas légiférer protègera-il mieux les rares cas concernés ?

Pourquoi entretiennent-ils le doute sur de possibles abus et dérives ?

Pourquoi être aussi agissant au sujet de demandes d'euthanasie provenant de mineurs ? Car il s'agit bien d'écouter des demandes d'euthanasie répétées de mineurs. Il ne s'agit pas d'agir contre la volonté de mineurs en fin de vie. Nullement.  Pour rappel, selon la future loi, pourront également bénéficier de l'euthanasie, moyennant accord parental écrit, les mineurs - dont un psychologue aura évalué la capacité de discernement - qui font face à des souffrances physiques insupportables et inapaisables, et dont la mort est inéluctable à brève échéance.

Qui sont-ils qui agitent les possibles abus et dérives comme argument majeur pour ne pas écouter les demandes de mineurs pour une fin de vie digne. Car ici à nouveau, les principaux concernés n’entrent pas en ligne de compte. La parole ne leur est pas donnée. Qui sont-ils pour à ce point penser et parler au nom d’autrui ? Comme si leur foi et leurs croyances étaient La bonne foi. La vérité! De quel prosélytisme malveillant font-ils preuve! Comme si la défense de leurs foi et croyances prenaient le pas sur le droit d’autrui. Faut-il pour protéger la foi des uns amputer des libertés fondamentales des autres ?

Ne tentent-il un ultime barrou d'honneur pour remettre en cause l'existance même de la Loi actuelle? Pour remettre en cause le principe même de l'euthanasie?

Qu’est ce qui les motive à vouloir, à ce point gérer la vie d’autrui ? A déterminer pour les autres ce qui est bien / bon pour eux. Jusqu’à définir en lieu et place de tiers ce que doit être leur comportement face à la souffrance, face à la fin de vie. Serait-ce la crainte d’une perte de contrôle sur autrui ? Sur la vie des autres ? Sur les autres ? Poussée à l’extrême en ce qui concerne le choix de fin de vie. Serait-ce une intolérance vis-à-vis de la diversité ? Un rejet de l’autrement ? Une interprétation extrême de convictions religieuses où des  mots tels que charité ou compassion ont difficile à trouver leur chemin. Où l’on décide pour autrui ce que peuvent comporter la charité et la compassion. Où l’on mêle sans pudeur des actes pourtant bien différents tels donner la mort et aider à mourir.

Des différences entre les deux sont peut-être précisément la charité et la compassion. Le courage d’écouter la demande d’euthanasie de quelqu’un qui répond aux conditions telles que prescrites par la Loi. Non pas prescrites sur un coup de têtes mais bien prescrites après de nombreuses et longues concertations au sein des Commissions réunies des Affaires Sociales et de la Justice du Sénat, avec les personnes les plus concernées, le personnel de santé, les associations impliquées, les accompagnateurs divers, les proches et les patients. La Loi traduit le contexte actuel de sensibilité de la société par rapport à la fatalité qu’étaient jusqu'il n'y a pas si longtemps la souffrance et l'indignité en fin de vie. Elle traduit l’évolution des mentalités vis-à-vis de thèmes aussi personnels et intimes que la souffrance, l'indignité et la fin de vie. La capacité de tout un chacun de choisir sa propre fin de vie. Quand et comment. De considérer ce qui est son droit fondamental. Elle offre la possibilité de mourir dans la dignité. Une attente croissante d’une majorité de citoyens qui considèrent cela comme un droit fondamental.

Ces destructeurs se font-ils une idée à ce point négative de l‘humain qu’ils imaginent que lui octroyer un nouveau degré de liberté ne peut aboutir qu’à des abus et dérives ? Ces derniers sont possibles et c’est pour cela qu’il faut légiférer pour le bien du patient qui demande à être écouté. Pourquoi s’opposer à légiférer alors que c’est précisément pour réduire les risques d’abus et dérives et certainement les lieux de non droits. Actuellement la fin de vie se situe dans des zones de non droit, certainement pour la patient qui dépend du bon vouloir des autres, de la foi et des croyances des autres. Craignent-ils que légiférer sur un aspect aussi important que la fin de vie ouvrira la porte sur des abus et dérives ?

Est-ce pour cela qu’ils préfèrent s’abstenir de légiférer, quitte à abandonner les uns dans la désespérance de leur fin de vie faites de souffrances et d’indignité, afin d’empêcher d’autres de mettre à profit cette ouverture pour leurs noirs desseins?

Croient-ils qu’il ne faut pas légiférer pour des exceptions ? Mais la vie, n’est faite que d’exceptions ! Le refus de cela pousse certains détracteurs à élaborer des modèles dont l'harmonie des formules ne répond qu'à leur mode de raisonnement à eux, sans références aucunes à la réalité. Quitte pour eux à déterminer une fin de vie "normalisée" dans laquelle tout le monde n'a qu'à / doit se satisfaire, trouver son compte. Mais la vie n'est pas ainsi faite qu'elle s'intègre sans grincements dans un cadre préformaté. Car chaque humain est unique et, en cela, constitue une exception.

Une exception qui mérite d’être prise en compte dans une Loi qui précise les grands principes de ce qui constitue le droit fondamental de chacun, du moins celui d’être écouté, 1ère étape pour exprimer son droit fondamental. Le droit fondamental des personnes qui se rendent compte qu’elles sont déjà mortes. Abandonnées par la vie, sans espoir de réhabilitation physique et /ou psychique aucun. Des personnes au bout du chemin de leur vie. Qui vivent le processus de leur propre mort. Physiquement et/ou psychiquement. Ou l'inverse. Processus qui pour les uns peut-être très court, un endormissement apaisé, alors que pour d'autres il peut s'allonger inhumainement tel un film au ralenti, s'éterniser bien au-delà du supportable.

Des personnes qui dans certains cas, non écoutées, décident de "s'euthanasier elles-mêmes" en se suicidant. Ce faisant elles meurent dans encore plus de souffrances et d'indignités.

Des personnes qui n'attendent pas qu'on leur tienne des discours mêlant philosophie, morale et éthique pour justifier qu'on les abandonne à leur non enviable et triste sort. Des personnes qui attendent ds réponses plus concrètes à leurs demandes d'euthanasie que des actions de jeûnes et des veillées de prières. Elles n’attendent pas qu’on se mêle les pinceaux dans des arguties irréfléchies mélangeant un « tu ne tueras point » qui sous-entend une motivation malveillante de nuire avec une « assistance à mourir » motivée elle par la compassion et la charité, posant ainsi un acte de vie.

Des personnes qui ne demandent pas d’être tuées mais bien assistées pour mener à sa fin le processus de mort en eux déjà enclenché. Si nécessaire d’avancer son aboutissement. Pour mourir dans la dignité. Sereinement. Entourés de leurs proches.


Pour quelle raisons rationnelles les priver de ce droit fondamental ?

Mais qu’est-ce qui poussent certains opposants à l’extension de la Loi sur l’euthanasie à véhiculer sciemment une information à ce point « hors sujet » ? Il est intéressant de noter qu’au Canada, le Québec est également confronté à un tel phénomène. Ainsi l’article : Aide médicale à mourir : un vote favorable sur le principe, mais divisé. Il s'agit du projet de Loi n° 52 : Loi concernant les soins de fin de vie. Voir à ce sujet la toujours actuelle réaction du Docteur Alain Vadeboncoeur au sujet de cette Loi et de ses détracteurs.  Son article Longue vie à l’aide médicale à mourir mérite le détour. Je le cite car les points qu'il soulève restent d'actualité.

Il écrit : Ce projet de loi permettra d’apporter à un petit nombre de patients en fin de vie, mais en pleine possession de leurs facultés mentales, le pouvoir de choisir de quitter un peu plus tôt (avec l’aide appropriée) pour éviter de souffrir davantage. Au nom de quoi s’opposer à ce principe ? Une question que chacun peut se poser. Il est fondamental de rappeler que la question, c’est le choix du patient.. Ce projet ne pourrait d’aucune façon pousser qui que ce soit à la mort contre sa volonté. Selon lui, :"Le médecin doit laisser ses croyances de côté Il poursuit : " Et les dérives possibles ?   On fait peur au monde, en somme.

Dans ce contexte, j’aimerais poser la question aux détracteurs du projet : êtes-vous contre le principe de fond ou simplement contre les risques de dérive ? N’invoquez pas, cependant, le serment d’Hippocrate, que nous ne prononçons plus depuis longtemps (voir ce qu'il a écrit à son sujet). Notre serment actuel ne contient d’ailleurs aucune référence à l’euthanasie, pas plus que notre code de déontologie, d’ailleurs. Trouvez d’autres arguments. Si vous craignez l’application, c’est bien différent. Alors, je vous invite à lire cette réplique (ci-dessous) de médecins belges à propos des débats ayant cours au Québec. C’est une lettre réfléchie, sereine, appuyée sur des faits, et signée par plusieurs médecins belges. "L’euthanasie en Belgique. Réponse à une campagne de désinformation et de mensonges" est citée en entier.

Maintenant une jeune fille, Jessica, est mise en avant en véhiculant une information erronée. Elle est utilisée pour véhiculer une information erronée. Pour faire pression sur le roi Philippe". "Il me semble que cette famille Saba est surtout mal informée", a rétorqué le député libéral Jean-Jacques De Gucht, défenseur de la loi, qui explique qu'en pratique cette loi ne pourra pas s'appliquer à des enfants aussi jeunes. Et pour cause : pour être euthanasiés, les mineurs devront être capables de discernement et en faire la demande eux-mêmes. "Jessica n'aurait jamais été concernée par l'euthanasie", conclut Het Laatste Nieuws. "Le petit film n'est donc pas du tout à propos."